Les paysagistes, spécialistes du paysage et du projet de paysage, sont aujourd’hui des professionnels reconnus. Parmi les derniers venus dans le concert des métiers de l’espace et du cadre de vie, ils ont construit progressivement un champ d’action et de projet, spécifique et diversifié à la fois, fondé sur des manières alternatives de penser et de faire. Durant ces dernières décennies tout particulièrement, ils se sont avérés porteurs d’une action de terrain attentive à la dimension écologique, culturelle et esthétique des espaces habités et aux liens noués dans la durée entre les sociétés et leur environnement. Les enjeux associés à ce champ d’action n’ont cessé de se multiplier et de prendre de l’importance. Les pratiques professionnelles ont suivi, se sont diversifiées, décloisonnant les champs de savoir et de compétence et intégrant une dimension expérimentale. Parallèlement, les formations ont évolué selon des modalités qui restent encore très mal connues. De fait, l’histoire de l’enseignement du paysage et du projet de paysage est un champ de recherche tout juste émergent. Ce numéro hors-série ambitionne de proposer un premier bilan en la matière et de poser les jalons permettant de mieux cerner les évolutions d’un enseignement qui, en un peu plus d’un siècle, s’est déployé sur tous les continents. Il fait suite à un colloque organisé à Versailles les 16 et 17 juin 2022 à l’occasion de la Biennale de l’architecture et du paysage de l’Île de France. À cette occasion une quarantaine de participants ont proposé des éclairages historiques et des témoignages renseignant les évolutions des formations de paysagistes depuis la fin du XIXe siècle. Une grande partie d’entre eux contribuent à ce numéro, discutant de l’apparition des premières formations de paysagistes, caractérisant la trajectoire des acteurs qui les ont mises en place et qui les ont portées, mettant l’accent sur les fondements sur lesquels s’appuient leurs programmes pédagogiques et leurs enseignements, en lien avec des situations d’apprentissage variées. Les différentes contributions s’intéressent également au rôle joué par les organisations professionnelles dans le développement de ces formations, ainsi qu’aux cadres institutionnels dans lesquels s’insèrent les établissements qui les accueillent. Elles montrent enfin de quelle façon les contextes historiques, culturels, géopolitiques, économiques et sociaux, nationaux et internationaux, ont affecté les programmes pédagogiques des formations paysagistes, ainsi que toute l’importance des circulations, aux échelles nationales et internationales, des modes de pensée et d’action. L’un des objectifs principaux de cette numéro hors-série est de mettre en avant tout l’enjeu qui réside dans l’inventaire et le classement des sources historiques existantes, ainsi que le recueil et la conservation des témoignages. Il s’agit aussi de montrer tout l’intérêt d’effectuer des recherches historiques sur l’enseignement du paysage et du projet de paysage en Europe et au-delà, ainsi que de comparer les formations à l’échelle internationale.