Poèmes et paysages de l’eau : tisser, révéler des liens dans la vallée du fleuve Sénégal
La vallée du fleuve Sénégal est le théâtre d’importants aménagements depuis l’époque coloniale, révélateurs des enjeux politiques, économiques et stratégiques de ce fleuve. Des exemples précis de poésies orales en langue peule, témoignent, par leur forme tout autant que leur contenu, d’un attachement fort à ce territoire, de pratiques et d’usages des terres bordant le fleuve, de sociabilités et de rapports de pouvoir – en somme, de modes de relations aux paysages fluviaux et de gestion des ressources – généralement peu pris en compte dans les politiques d’aménagement du territoire concernant cette région. La conception à l’échelle du bassin versant, véhiculée par cette poésie, a laissé place à une approche techniciste portée par les aménagements de la vallée depuis le XXe siècle. Le constat est que ce passage constitue une rupture d’une "continuité écologique" entre wâlo, zone inondable, et diêri, non inondable, entendue comme le tissage que permet le réseau hydrologique d’une myriade de mares entre elles, et qui, en soi, fait office d’entité vivante.