Les espaces fluviaux sont des milieux humides co-construits entre faits de natures et de sociétés. Aménagés historiquement pour un usage bien souvent productif, les cours d’eau et leur place dans nos sociétés ont évolué au prisme des représentations qui leur sont portées. En lien avec cette évolution, les politiques de gestion de l’eau sont aujourd’hui orientées vers la préservation de son bon état écologique, la gestion des risques et le maintien des usages existants (Rivière-Honegger et Ghiotti, 2022). Cette gestion, s’appuyant sur des dispositifs réglementaires, incitatifs ou bien sur la coopération à l’échelle locale (Hassenforder et al., 2020), doit faire avec le territoire en prenant en compte les héritages socio-naturels associés un usage parfois révolu (Barraud et al., 2013). Chalonnes-sur-Loire (49) est une commune fluviale caractérisée par un bourg principal en rive gauche et une ile habitée. Les milieux de cette ile et ses sociétés se sont adaptés aux rythmes des crues : soumise au risque d’inondation, l’ile de Chalonnes-sur-Loire a été aménagée par un système d’endiguement et d’écoulement des eaux afin de tirer parti de ses ressources et de se protéger des crues. Une gestion collective des crues entre les habitants de l’ile est mise en place et tend à se maintenir depuis plusieurs siècles. Aujourd’hui, les changements globaux mais aussi réglementaires (loi GEMAPI) viennent questionner la pérennité de cette gestion d’autant plus que celle-ci repose en partie sur une organisation citoyenne pouvant être mise à mal par le renouvellement de la population cette commune. Après avoir précisé le cadre socio-naturel de cet espace, cette communication présentera une lecture du risque au prisme de l’histoire environnementale de l’ile de Chalonnes-sur-Loire. Par la suite, elle se centrera sur les formes d’adaptation d’une société fluviale à son environnement avant de conclure sur les enjeux du devenir des héritages socio-naturels dans un contexte de changements globaux.