Résumé de la thèse :

Au cours du XX^ème siècle, la recherche en éducation a mis en lumière les enjeux d'une démocratisation partielle de l'enseignement supérieur. L'ouverture de nouveaux établissements universitaires dans les années 1960-70 a permis une massification de l'accès aux études supérieures. Toutefois, cette expansion s'est accompagnée d'une hausse du taux d'échec, particulièrement notable entre les années 1960 et 1990. Ce n'est qu'à partir des années 2000 que l'on observe une stabilisation progressive de ce phénomène, témoignant de l'évolution des pratiques pédagogiques et des politiques de remédiation adaptées à un public de plus en plus diversifié. Celles-ci se manifestent notamment par le recours à des financements extrabudgétaires compétitifs. Dans ce cadre, le Programme d'investissements d'avenir (PIA), à travers son volet Nouveaux Cursus et Rythme (NCU), soutient le projet Thélème, porté conjointement par les universités du Mans et d'Angers, et dédié à la remédiation universitaire.

Cette thèse s’inscrit dans une démarche d’évaluation du PIA NCU Thélème pour le volet manceau, en adoptant une double perspective. D’une part, elle examine la mise en œuvre du projet en s’intéressant à l’offre de remédiation ainsi qu’à la gouvernance de cette dernière. Cette analyse s’appuie sur une enquête ethnographique enrichie par des entretiens semi-directifs, dont les résultats montrent que la mise en œuvre en pratique du projet Thélème à Le Mans Université (LMU), confrontée à des rationalités d’acteurs variées, freine son déploiement à grande échelle. D’autre part, en adoptant cette fois-ci une perspective relative à l’articulation sociale de l’offre de remédiation, la thèse explore la réception du projet et son impact sur les parcours et la réussite des étudiants. Le suivi d'une cohorte de 1989 étudiants sur une période de trois ans, par des questionnaires et des entretiens semi-directifs, depuis leur première inscription en licence en 2019-2020 jusqu’en 2021-2022, constitue le cœur de cette approche. Les résultats indiquent que, bien que des dispositifs de remédiation – comme le tutorat ou la possibilité scinder la première année de licence sur deux ans – aient un effet direct sur la probabilité de réussite aux examens, leur influence, au regard des déterminants classiques de la réussite étudiante, reste relativement faible sur le plan académique.

Ces deux axes d’analyse convergent autour d’un objet d’étude commun : l’université de proximité, façonnée par des réalités historiques, géographiques et sociales spécifiques. Cet environnement constitue le cadre dans lequel évoluent les étudiants enquêtés. En toile de fond de l’évaluation du PIA NCU, la thèse met en lumière le rôle que joue Le Mans Université dans la démocratisation de l’accès à l’enseignement supérieur, en dessinant les contours d’un profil étudiant majoritairement d’origine local, caractérisé par une décohabitation tardive et une origine sociale populaire. Ces caractéristiques façonnent non seulement l’expérience universitaire, mais aussi les défis auxquels le projet Thélème est confronté pour soutenir efficacement la réussite étudiante.

Composition du jury :

• Myriam BARON - Professeure des universités, Université Paris Est Créteil, rapporteur
• Hugues PENTECOUTEAU - Professeur des universités, Université de Rennes 2, rapporteur
• Sophie BLANCHARD - Maîtresse de conférence, Université Gustave Eiffel, examinateur
• Agnès VAN ZANTEN - Professeure des universités, Sciences Po – EHESS, examinateur
• Omar ZANNA - Professeur des universités, Le Mans Université, examinateur
• Arnaud GASNIER - Professeur des universités, Le Mans Université, directeur de thèse
• Jean-Philippe MELCHIOR - Professeur des universités, Le Mans Université, co-directeur de thèse