Vincent Andreu-Boussut
Membres ESO du projet
Site/Multisite ESO
Disciplines
L’ambition du projet est d’explorer les liens entre la production patrimoniale et l’innovation en matière de tourisme durable à partir d’une recherche empirique et comparative menée dans 5 sites ateliers, considérés comme représentatifs de l’évolution contemporaine des enjeux de fréquentation et de conservation des patrimoines naturel, culturel et paysager.
Le choix des études de cas en France (Mont Saint-Michel, marais salants de Guérande, Caps Blanc‐Nez et Gris‐Nez), en Grande-Bretagne (Chaussée des Géants) et en Allemagne/Danemark/Pays‐Bas (Mer des Wadden) privilégie des sites littoraux, considérant ces espaces comme emblématiques de la mondialisation des flux
touristiques et de la consécration d’une société au goût prononcé pour le patrimoine, pris dans des destinations importantes des pays de la façade occidentale européenne. Si la recherche est d’abord fondamentale, elle doit également permettre de dégager des perspectives opérationnelles en matière de gestion des sites du patrimoine intéressant les différentes parties prenantes souvent tiraillées entre montée en puissance de l’attractivité des lieux et injonction à la préservation. L’objectif du projet est triple :
1) questionner le postulat selon lequel le tourisme serait majoritairement producteur d’impacts négatifs sur la conservation des différentes formes de patrimoine pour au contraire montrer comment le tourisme stimule l’invention de nouveaux objets
patrimoniaux;
2) observer pourquoi et comment les sites touristiques patrimoniaux s’emparent des préceptes du développement durable, pour isoler les conditions déterminantes de l’émergence des pratiques de tourisme durable, spatiales, sociales, culturelles, environnementales ou économiques;
3) aller au-delà de l’évaluation des « bonnes pratiques » pour analyser les conséquences sociales et territoriales de la mise en oeuvre de ces nouvelles modalités de gestion des patrimoines comme des publics.
L’étude fine du système touristique à l’échelle du site patrimonial pris dans son acception large (du haut-lieu à l’espace) permet d’en rendre compte en donnant la parole aux communautés locales, aux professionnels du tourisme et du patrimoine et aux touristes et visiteurs.
La programmation du projet et la méthodologie de recherche s’appuient sur la mise à l’épreuve de trois hypothèses :
1) Le tourisme produit du patrimoine, la construction patrimoniale participant alors pleinement, à l’échelle historique, du destin touristique du lieu;
2) à cause des pressions exercées, le tourisme stimule la définition et l’expérimentation de modèles et de pratiques de gestion durable dans le cadre d’une circulation internationale de normes et d’expérimentations;
3) dans les sites du patrimoine, la mise en oeuvre du tourisme durable pose des problèmes de justice spatiale, à l’origine de conflits réguliers entre parties prenantes, loin de faciliter finalement l’empowerment souhaité des communautés locales.
L’équipe est formée de 8 jeunes chercheur·es français appuyés par une chercheuse canadienne spécialiste des questions de développement durable du tourisme.
La méthodologie d’investigation du terrain en profite pour mixer les démarches qualitatives classiques (entretiens, analyse de discours, analyse des représentations, analyse de la littérature grise…), les démarches quantitatives (compilation des statistiques de fréquentation, corrélations…) avec des démarches nouvelles en géographie comme le traçage des visiteurs pendant le temps de leur visite.