Documenter les espaces de vie des Gilets jaunes pour éclairer l’émergence et la dynamique du mouvement. De l’automobilité défendue à la métropolisation combattue ?
Étienne Walker, Soline Butin. Documenter les espaces de vie des Gilets jaunes pour éclairer l’émergence et la dynamique du mouvement. De l’automobilité défendue à la métropolisation combattue ?. Géocarrefour - Revue de géographie de Lyon, 2025, 99 (1), ⟨10.4000/14lrn⟩. ⟨halshs-05302453⟩
Fin 2018, le mouvement des Gilets Jaunes surgit et relance les débats autour des inégalités territoriales, posant à nouveau frais la question de l’impact de celles-ci sur l’engagement politique. À la suite d’autres travaux, notre étude analyse, par une approche écologique statistique étayée par la géographie sociale et la sociologie politique, en quoi la diversité des espaces de vie des Gilets Jaunes peut contribuer à expliquer l’émergence, l’évolution comme la durée d’une contestation. Les réformes notamment mobilitaires de 2018 semblent avoir activé des dispositions à un engagement situé en périphérie, tourné vers la critique d’une fiscalité imposée par un pouvoir central altérisé. Loin des préoccupations énergétiques ou de désertification, le ralliement de militants plus métropolitains semble surtout s’expliquer par la tentation d’une opposition commune, et sur leur terrain, aux prétendus « gagnants de la mondialisation », une fois politisée la lutte au sein d’espaces plutôt acquis à la gauche.
Yellow Vest’s contestation takes place at the end of 2018 and reopens debates about territorial inequalities and theirs impacts on activism and politics. Following many researches, our study relies on an ecological and statistical approach crossed with social geography and political sociology so as to shed light on Yellow Vests’s socialization spaces and how they can explain the emergence, the evolution as well as the duration of a contestation. Reforms concerning notably mobility in 2018 in France seem to have triggered a peripheral engagement leaning towards a criticism of the tax system, which is decided by rejected central authorities. Far away from energetic or desertification concerns, the fact that metropolitan militants joined up to the movement can be explained by a wish to opposite the alleged « winners of globalisation » on their ground, once the movement have been politicized leftwards in city-centers.