Les formes d’organisation du travail connaissent des mutations accélérées ces quinze dernières années sur les exploitations agricoles françaises sous l’effet de la poursuite de la concentration des moyens de production, de la crise des successions, des éventuels changements biotechniques du systèmes productifs, ou de la diversification des activités. De nombreux travaux (Purseigle, Nguyen et Blanc, 2017 ; Forget et al., 2019) montrent que le modèle de l’exploitation familiale à deux actifs, autrefois dominant, laisse place à une diversité de structures où le travail repose de moins en moins sur la seule cellule familiale (augmentation et diversification des formes de salariat temporaire ou permanent, regroupements d’exploitation, développement de l’externalisation du travail agricole et de la sous-traitance, émergence des holding…). A partir du dernier recensement agricole 2020 (France métropolitaine), la communication poursuit trois objectifs : tout d’abord, dresser une typologie des formes que prennent les collectifs de travail sur les 390 000 exploitations agricoles recensées, appuyée sur la combinaison de plusieurs critères (gestion courante de l’exploitation assurée par l’exploitant, par un prestataire extérieur ou par un membre de la famille à temps partiel, nombre d’actifs, poids de la main d’œuvre non familiale dans le volume de travail, profil de la main d’œuvre familiale – exploitant seul avec ou sans salarié, en association inter ou intragénérationnelle, avec ou sans lien de parenté –, recours à des formes de délégation du travail, recours à la main d’œuvre temporaire…) ; ensuite, utiliser cette typologie des formes d’organisation du travail comme grille de lecture des projections de départ à la retraite d’exploitants/co-exploitants (calculés sur la base des années de naissance pour un âge théorique de départ en retraite à 62 ans) pour éclairer les problématiques de gestion de main d’œuvre (renouvellement des générations sur les exploitations individuelles, remplacement d’associés sortants au sein de structures sociétaires…) ; enfin, proposer une cartographie des départs à la retraite à échelle fine (pseudo-cantons INSEE France), en faisant l’hypothèse que tous les territoires ne seront pas exposés au même temporalité des départs dans les 10 ans à venir, ni aux mêmes problématiques de renouvellement des actifs agricoles selon les formes d’organisation du travail identifiées au préalable. Les traitements statistiques nécessaires sont rendus possibles par l’accès aux données individuelles du recensement agricole 2020 via le Centre d’Accès Sécurisé à Distance (CASD). Ce travail ouvrira une discussion sur l’accompagnement par les pouvoirs publics de la diversité des situations observées.