Les politiques nationales de protection environnementale, déclinées sur le terrain, agissent sur les systèmes complexes que sont les territoires. Les plans de gestion des aires protégées orientent leurs trajectoires, mais sans que cette question ne soit toujours traitée de façon explicite. De quelle manière ces démarches de gestion modifient-elles les espaces concernés et que pourrait apporter l’approche paysagère à celles-ci ? Nous nous sommes appuyés sur une expérience de recherche-action pour identifier comment sont mises en œuvre les politiques de protection sur deux espaces naturels sensibles et sites patrimoniaux du Maine-et-Loire. Ces sites ont en effet la particularité d’être protégés au titre à la fois de la biodiversité et du paysage. Ce contexte a permis de mettre à l’épreuve l’effectivité du croisement des expertises et a révélé la difficulté à bâtir un projet de territoire qui prenne en compte des problématiques transversales, à la fois socio-écologiques et spatio-temporelles. Sur les terrains étudiés, alors que les parties prenantes évoluent dans des cultures professionnelles différentes et des postures face à la nature non explicites et pourtant divergentes, l’intérêt de l’approche paysagère peine à être compris et mobilisé dans l’élaboration des outils de gestion. Nous verrons que celle-ci offre la possibilité de sortir du cadre strictement réglementaire ou technique pour identifier comment peuvent se concrétiser les choix de gestion : sur les sites et leurs logiques spatiales, selon un dessein pour l’avenir à préciser, et en coordination avec les usages en place.

National environmental protection policies implemented in the field have an impact on complex systems such as territories. Management plans for protected areas provide guidelines but do not always directly address this question. How do these management systems change the areas concerned and how could integrating the landscape in them improve outcomes? We drew on an action research experiment to identify how protection policies are implemented in two sensitive natural areas and heritage sites in Maine-et-Loire. These sites are unique in that both their biodiversity and their landscapes are protected. This context allowed us to test the effectiveness of combining different areas of expertise and revealed the difficulty of developing a regional project that takes into consideration a variety of socio-ecological and spatiotemporal issues. In the areas studied, where stakeholders come from different professional backgrounds and have different attitudes to nature, it is difficult to explain the relevance of using the landscape to develop management systems. We will see that this approach offers the possibility of moving beyond a strictly regulatory or technical framework to identify how management choices can be implemented on sites in accordance with their spatial aspects and existing uses and based on a plan taking these uses into consideration.