Alors que la question de la « réussite à l’université » constitue depuis longtemps une préoccupation politique (Annoot, 2012), celle des conditions étudiantes semble plus actuelle. D’une part, plusieurs travaux récents témoignent d’une augmentation de la précarité étudiante (Cordazzo & Sembel, 2020; Duvoux & Lelièvre, 2021). D’autre part, quelques acteurs institutionnels (Cour des Comptes, 2022) et politiques font de cette problématique un chantier majeur (Retailleau, 2022). Depuis quelques années les dispositifs d’accompagnement se sont multipliés aussi bien au niveau national que local (Mignot-Gérard et al., 2022). Se pose alors la question de l’efficacité de ces pratiques, aussi bien sur les conditions vie que sur les études. Il convient parallèlement de s’interroger sur ce que la prolifération de ces formes de soutien révèle des lacunes des pouvoirs publics à maintenir la population étudiante en dehors des zones de vulnérabilité. Notre communication propose d’identifier, à l’échelle d’une université moyenne, les évolutions depuis 15 ans des pratiques de soutien des étudiant.es (solidarités familiales, aides sociales, etc.). Nous nous appuierons sur les résultats de trois enquêtes. En 2008-2009, a été administré un questionnaire auprès d’un peu plus de 1000 étudiant.es inscrit.es en premier cycle pour les interroger sur leurs conditions étudiantes (logement, ressources financières, santé, etc.). Cette démarche fut reconduite en 2011-2012 (Gaillard & Rexand-Galais, 2017) puis plus récemment en 2022-2023 dans le cadre d’une nouvelle enquête (sous la direction de J. Launay). Sur la base des données recueillies nous développerons deux types d’analyses : (1) nous rendrons visible les disparités entre les supports ; (2) nous questionnerons leur efficacité sur la réussite à l’Université. In fine, l’intention de cette communication est de mettre à la discussion les résultats d’une démarche longitudinale sur les conditions étudiantes et la portée heuristique d’une sociologie des supports (Castel, 2006, 2008; Chauvière, 2012; Gaillard, 2019) pour produire une analyse des dispositifs et des pratiques visant à soutenir les étudiant.es.