Pour saisir les enjeux de la lutte au quotidien des Gilets jaunes et la transformation des identifications qu’elle opère, nous proposons d’analyser la manière dont les temporalités de l’événement en jaune structurent la vie quotidienne des protagonistes et scandent les temporalités familiales, celles liées au travail et au loisir. Nous suivrons les mutations profondes de leur forme d’engagement, l’appropriation des pratiques militantes au fur et à mesure des jours et des semaines de cette séquence active de protestation, ainsi que les processus de désagrégation longs du mouvement qui amèneront à la disparition de certaines configurations sociales localisées. L’article s’appuie sur une recherche localisée qui dure depuis le 17 novembre 2018. À partir d’une lecture par le bas, nous resserrons particulièrement la focale sur les trajectoires militantes de certain·es Gilets jaunes. Ces protagonistes présentent trois caractéristiques : la durée de leur mobilisation qui s’inscrit dans le temps ; la centralité de certains d’entre eux/elles dans la lutte au quotidien ; et enfin leur appartenance aux classes populaires.