Le mémoire d’habilitation à diriger des recherches est composé de deux parties. La première retrace mon parcours d’enseignement et de recherche. La deuxième partie montre qu’à travers la diversité des thématiques explorées, le sillon creusé est celui des modes d’habiter et du rôle qu’y joue l’habiter. Cette géographie sociale place au centre l’habitant, individu social et spatial, sensible, qui toujours doit « faire avec », composer, transiger, y compris avec lui-même, pour concilier ses aspirations avec le champ de ses possibles et rendre son monde habitable. Elle débute par une revue des travaux autour de l’habiter et des modes d’habiter et suggère in fine une clarification sémantique des mots employés pour les évoquer. Elle se poursuit par un positionnement disciplinaire. Un essai de modélisation de l’articulation et des interactions entre l’habiter et les modes d’habiter est ensuite proposé, à l’appui des notions de culture, sensibilités, expériences et logiques habitantes. Suit une réflexion méthodologique autour notamment de l’approche biographique compréhensive par entretien en géographie. Le dernier chapitre dégage des recherches conduites autour des modes d’habiter et des territoires périurbains un certain nombre de résultats transversaux. La conclusion dessine trois premières pistes d’exploration à ouvrir autour de ce que la crise environnementale ajuste ou bouleverse tant dans du point de vue des représentations de l’habitant que des incidences sur son mode d’habiter et des transactions nouvelles auxquelles elle oblige.

This habilitation thesis is composed of two parts. The first part outlines my teaching and research trajectory. The second part demonstrates that, through the diversity of explored themes, the core focus has been on modes of inhabiting and the role played by the act of dwelling (l’habiter). This social geography places the inhabitant – both a social and spatial individual, sensitive and dynamic – at its center. The inhabitant is constantly compelled to “cope,” to compose and negotiate, including with himself, in order to reconcile his aspirations with his range of possibilities and to make his world habitable. The second part begins with a review of the research on dwelling and modes of inhabiting, concluding with a semantic clarification of the terms used in this context. It continues with a disciplinary positioning. An attempt to model the articulation and interactions between dwelling and modes of inhabiting is then presented, supported by notions of culture, sensibilities, experiences, and inhabitant logics. This is followed by a methodological reflection, particularly on the use of a comprehensive biographical approach through interviews in geography. The final chapter identifies several cross-cutting results drawn from research on modes of inhabiting and peri-urban territories. The conclusion outlines three initial avenues for further exploration regarding how the environmental crisis is adjusting or disrupting both the representations of the inhabitant and his mode of inhabiting, as well as the new forms of transactions it necessitates.