Du au [xx-xx-xxxx]
Discipline : Géographie
Financement : CNRS
Voir sur theses.fr : https://theses.fr/s416853

Emma Wolton est diplômée d’un master de philosophie de l’Université PSL et doctorante en géographie à l’Institut Agro Angers. Sa thèse est financée par le CNRS dans le cadre du PhD Joint Program qui lie le CNRS et l’Université d’Arizona (Etats-Unis). Elle est également rattachée à l’unité de recherche ESO (Espace et Sociétés) CNRS (UMR6590) et à l’équipe Environnement : Concepts et Normes de l’Institut Jean-Nicod (UMR 8129) à l’Ecole Normale Supérieure.

Cette thèse se situe au croisement entre la géographie culturelle et la philosophie de l’environnement et porte sur le concept de solastalgie, défini comme une souffrance psychologique face à la transformation ou à la dégradation de son environnement proche (Albrecht, 2005). Cette recherche vise à enrichir le concept de solastalgie en proposant une nouvelle approche fondée sur une analyse des pratiques, des expériences et des représentations spatiales. De nombreuses études sur la solastalgie ont été réalisées dans les domaines de la philosophie et de la santé mentale, se focalisant sur l’aspect individuel et psychologique du phénomène. Cette thèse propose d’explorer les dimensions collective, corporelle et temporelle de la solastalgie, qui restent jusqu’à présent peu connues.

Nos hypothèses de départ sont les suivantes :
– la solastalgie n’est pas seulement un phénomène vécu de manière individuelle, mais peut être expérimentée collectivement ;
– la solastalgie se rapporte à des états affectifs qui engagent inséparablement le corps et l’esprit ;
– la variabilité des rapports au temps dans différentes cultures transforme l’expérience solastalgique.

Cette réflexion s’ancre dans des contextes géographiques, historiques et socio-culturels spécifiques, en s’appuyant sur deux études empiriques réalisées en Suède et aux États-Unis, où les habitants de Jokkmokk (nord de la Suède) et de Tucson (sud de l’Arizona) anticipent la transformation de leur environnement face à des projets de mine à ciel ouvert. Il s’agit de villes multiculturelles où coexistent des personnes issues de la société moderne occidentale et de cultures autochtones, notamment les Sami à Jokkmokk et les Tohono O’odham à Tucson. Des enquêtes de terrain ont permis de développer une méthode de collecte de données qualitatives, fondée sur une analyse de l’iconographie, des observations in situ et des entretiens réalisés auprès d’un échantillon de la population. Ces éléments ont ensuite été articulés avec des recherches théoriques sur la solastalgie.

La thèse s’organise autour de trois axes de recherche. Le premier consiste à étudier la configuration des territoires et la construction des savoirs géographiques afin de révéler la dimension collective de la solastalgie. Le second analyse les diverses expériences et représentations du paysage afin de dévoiler la dimension corporelle et sensorielle de la solastalgie. Enfin, le troisième accorde une attention particulière aux liens entre temporalités et mémoires, afin de penser différentes formes de solastalgie en fonction des cultures autochtones et occidentales.

Les objectifs de ce travail sont les suivants :
– étoffer le concept de solastalgie en le distinguant d’autres émotions climatiques et écologiques (éco-anxiété, deuil écologique) ;
– comparer les manifestations de la solastalgie selon le milieu socio-culturel des acteurs ;
– créer une typologie afin d’analyser et de classer les expériences de la solastalgie.

 

Emma Wolton holds a Master’s degree in Philosophy from Université PSL and is currently a PhD candidate in Geography at Institut Agro Angers. Her doctoral research is funded by the CNRS within the framework of the PhD Joint Program between the CNRS and the University of Arizona (USA). She is affiliated with the ESO (Spaces and Societies) CNRS Research Unit (UMR 6590) and the Environnement : Concepts et Normes research group at the Institut Jean-Nicod (UMR 8129), École Normale Supérieure.

Her dissertation lies at the intersection of cultural geography and environmental philosophy and focuses on the concept of solastalgia, defined as the psychological distress caused by the transformation or degradation of one’s home environment (Albrecht, 2005). This research aims to enrich the conceptual framework of solastalgia by developing a new approach grounded in the analysis of spatial practices, experiences, and representations. While numerous studies on solastalgia have been conducted in philosophy and mental health, most have concentrated on its individual and psychological dimensions. This dissertation proposes to explore the collective, embodied, and temporal aspects of solastalgia, which remain relatively underexplored.

The research is guided by three central hypotheses:

- Solastalgia is not only an individually experienced phenomenon but can also be collectively felt;

- Solastalgia involves affective states that inseparably engage both body and mind;

- The variability of temporal relations across different cultures shapes the solastalgic experience.

This inquiry is grounded in specific geographical, historical, and socio-cultural contexts, drawing on two empirical case studies conducted in Sweden and the United States. In Jokkmokk (northern Sweden) and Tucson (southern Arizona), local communities anticipate the transformation of their environments in the face of proposed open-pit mining projects. Both are multicultural towns where populations from Western modern societies coexist with Indigenous peoples—particularly the Sámi in Jokkmokk and the Tohono O’odham in Tucson. Fieldwork involved the development of a qualitative methodology combining iconographic analysis, in situ observation, and interviews with a sample of local residents. These empirical findings are articulated with theoretical reflections on solastalgia.

The dissertation is structured around three main research axes. The first examines the configuration of territories and the construction of geographical knowledge in order to reveal the collective dimension of solastalgia. The second analyzes lived experiences and representations of the landscape to bring to light the bodily and sensory dimensions of solastalgia. The third focuses on the relationship between temporality and memory, exploring how different cultural frameworks—Indigenous and Western—produce distinct forms of solastalgic experience.

The objectives of this work are:

- To refine and expand the concept of solastalgia by distinguishing it from related ecological emotions such as eco-anxiety and ecological grief;

- To compare manifestations of solastalgia across different socio-cultural contexts;

- To develop a typology for analyzing and classifying solastalgic experiences.