Dans la suite des conférences organisées par le réseau des INSPE, celle d’aujourd’hui traite les enjeux d’une formation des enseignants en épistémologie de la géographie. L’argument général de ces conférences est le suivant : pour maîtriser les « savoirs disciplinaires » qu’ils enseignent, les professeurs doivent être formés à l’histoire et à l’épistémologie de ces savoirs. Ce qui ouvre la question de la nature de ces « savoirs disciplinaires » et celle des liens complexes entre disciplines scolaires et disciplines universitaires. Cet argument vaut bien sûr aussi pour la géographie, dont je vais souligner pour commencer une propriété importante pour le sujet qui nous intéresse.

En France, la géographie est enseignée à toutes les personnes de chaque classe d’âge à partir du cycle 3 et jusqu’à la fin du collège et pour une grande partie de cette classe d’âge tout au long de la scolarité en lycée, mais toujours associée à l’histoire et, souvent dans la pratique, actuellement, à l’EMC. A ce titre, (presque) tout le monde a rencontré et longuement fréquenté « la géographie » sous cette forme scolaire. De cette expérience, chacun peut dire quelque chose. Mais pourrait-il de la même façon, dire quelque chose des rapports de cette géographie scolaire avec une géographie qui ne serait pas scolaire ? Quelle réponse fournirait-il à la question de savoir d’où viennent ces savoirs appris à l’école, au collège, au lycée ? D’ailleurs, dirait-il savoirs ? Est-ce que la réponse à cette question serait différente selon que la personne que j’interroge s’apprête à enseigner, parmi d’autres disciplines scolaires, la géographie (quelque part en licence avant de devenir étudiant en M1 MEEF Professorat des écoles ou Second degré histoire-géographie) ou bien qu’elle s’apprête à faire tout à fait autre chose ? Je ne peux pas répondre à cette question ; elle a d’ailleurs surtout une fonction rhétorique : il s’agit d’attirer l'attention sur une thématique éminemment didactique qui est celle de l’identification de la géographie comme discipline scolaire (identification par qui ? identification à quoi ? comment ? quels rapports avec des références extra-scolaires ? quel « noyau dur » et quelles variations ? etc.).