Contribution à une modélisation de la dynamique agentive transformatrice en pédagogie de l'enseignement supérieur
Bilan de recherche en pédagogie RÉSUMÉ Les transformations de l'enseignement supérieur depuis la fin du XXe siècle ont soulevé des questions essentielles pour les enseignants sur le sens de leur métier et leur identité professionnelle. Ces interrogations, ancrées dans les valeurs, les postures et les pouvoirs d'action, reflètent des tensions internes et externes, et des contradictions. Ces tensions et contradictions amènent souvent les enseignants à osciller entre engagement et évitement face aux transformations pédagogiques. Cette proposition, en prenant appui sur une revue de littérature récente analyse comment la prise en compte de l'agentivité, ou la capacité d'influencer son propre fonctionnement et les événements, peut rendre ces transformations durables. Cette analyse rappelle la dimension systémique des transformations des pratiques pédagogiques en considérant les niveaux micro des acteurs, meso des collectifs et macro de l'institution. Chacun de ces niveaux est abordé pour expliciter les dimensions qui leur sont propres. Elle souligne la complexité du développement des pratiques professionnelles, marquées par des contradictions et des tensions et identifie quatre composantes d'une dynamique transformatrice : le soi professionnel, la collaboration, le mouvement et la légitimation. Les propos des auteurs•trices mobilisé•e•s rappellent l'ancrage de cette transformation dans une zone de développement professionnel individuelle, collective et institutionnelle et une zone d'acceptabilité. In fine, cette revue de littérature confirme que la motivation interne des personnes enseignantes ne peut suffire à une transformation durable des pratiques tant ces dernières sont régies par un ensemble de règles, de normes et de schèmes d'action culturellement ancrés dans les imaginaires individuels et collectives, et dans les cultures professionnelles.
Transformations in higher education since the end of the 20th century have raised essential questions for teachers about the meaning of their profession and their professional identity. These questions, rooted in values, postures and powers of action, reflect internal and external tensions and contradictions. These tensions and contradictions often lead teachers to vacillate between commitment and avoidance in the face of pedagogical transformations. This proposal, based on a recent literature review, analyzes how taking agentivity into account, or the ability to influence one's own functioning and events, can make these transformations sustainable. This analysis recalls the systemic dimension of transformations in pedagogical practices, considering the micro level of actors, the meso level of collectives and the macro level of the institution. Each of these levels is approached in order to clarify the dimensions that are specific to them. It highlights the complexity of the development of professional practices, marked by contradictions and tensions, and identifies four components of a transformative dynamic: the professional self, collaboration, movement and legitimization. The authors' comments remind us that this transformation is rooted in a zone of individual, collective and institutional professional development, and a zone of acceptability. Ultimately, this literature review confirms that the internal motivation of individual teachers is not enough to bring about a lasting transformation of practices, which are governed by a set of rules, norms and patterns of action that are culturally anchored in individual and collective imaginations, and in professional cultures.