Le cas de Bogota (Colombie)
La capitale colombienne compte 8 millions d’habitants et connaît aujourd’hui un recul de la pauvreté. Pour autant un dixième des ménages n’avait pas accès à un logement décent en 2014, et pour de nombreux habitants “décemment logés”, les stratégies et les conditions résidentielles restent extrêmement contraintes.
L'étalement urbain a ralenti et la ville dispose aujourd'hui d'un stock de logements considérable alors qu'une part importante des quartiers d'origine informelle est aujourd'hui consolidée et a été légalisée. Si l'autoconstruction représentait la forme traditionnelle d'accès au logement des ménages les plus pauvres on constate aujourd'hui que ce phénomène a perdu de son importance en raison d'une raréfaction des terrains constructibles et d'un contrôle accru des pouvoirs publics. Par ailleurs depuis les années 1990, nous avons assisté à une profonde modification du rôle de l’État qui renonce à la production directe de logements d'intérêt social dont la responsabilité incombe désormais aux constructeurs privés. Cela s'est traduit par le développement d'une nouvelle offre massive et standardisée de logements en périphérie.
Cette thèse cherchera également à mettre en évidence les répercussions des dynamiques de gentrification sur les stratégies des propriétaires et les parcours résidentiels des ménages résidant dans des quartiers populaires centraux de Bogota. Les chercheurs du programme ANR-METAL (Métropoles d’Amérique Latine dans la mondialisation, 2008-2012) dont font partie mes deux co-directeurs, ont bien identifié ces mutations récentes et leurs conséquences en matière de mobilité. Cependant ils soulignent l’existence d'un point aveugle de la recherche concernant l'impact de ces évolutions sur les parcours résidentiels et les stratégies des ménages populaires. L'objectif de cette thèse sera donc d'analyser les évolutions des pratiques résidentielles des ménages populaires au regard des reconfigurations socio-spatiales en cours à Bogotá.