Depuis plusieurs années, les acteurs sociaux et sanitaires tentent régulièrement de mettre en lumière la situation des femmes enceintes ou avec un nouveau-né vivant dans la rue (DSAFHIR, 2020), qui est aujourd'hui de plus en plus médiatisée et prise en compte (Davoudian, 2020). Plusieurs études montrent que les femmes enceintes vivant dans des conditions de grande précarité ont plus de risques de complications pendant la grossesse et après l'accouchement (Tang et al., 2021). Comme d'autres publics vulnérables en Ile-de-France, cette population, pourtant prioritaire en raison de sa vulnérabilité évidente, est touchée par la saturation des hébergements sociaux et d'urgence. Cette saturation systémique chronique peut conduire à des épisodes de vie à la rue pour les femmes enceintes ou accouchées et leurs familles. La difficulté d'accès à un logement sûr et permanent conduit également à un recours de plus en plus fréquent aux centres d'hébergement d'urgence, qui ne durent en moyenne que quelques jours.
On assiste donc à la systématisation d'un principe d'errance résidentielle structurelle, sur l'ensemble de la région, mais aussi au niveau national, dans le cadre de la régulation de l'accueil en vue de préparer Paris à la Coupe du monde de rugby et aux Jeux olympiques de 2024.
En conséquence, ces femmes vont chercher des solutions auprès d'associations, d'hébergeurs solidaires pour pouvoir dormir en sécurité, mais aussi souvent dans des espaces considérés comme publics. Dans ce contexte, elles sont particulièrement exposées aux violences.
L'objectif de cette recherche est de montrer comment les enjeux actuels des politiques publiques concernant l'accueil des exilés s'articulent avec ceux de la prise en charge des femmes enceintes en situation de précarité en Ile-de-France, à travers une analyse des jeux d'acteurs et des mobilités forcées constantes et de leur impact sur la dégradation de la santé de ces femmes et de leurs familles.
Le projet vise également à retracer les trajectoires de ces femmes et les modalités de réappropriation de l'espace public et l'impact de cette mobilité forcée constante sur leur santé mentale et physique. L'objectif de cette étude qualitative est de mettre en relation les données du SI-SIAO (SIAO), du logiciel ROSALIE (DELTA) et les données d'activité du réseau SOLIPAM, afin d'identifier, à travers une étude qualitative basée sur des entretiens biographiques et cartographiques avec des femmes et les professionnels qui les accompagnent, les manières dont s'articulent au quotidien les sphères sociales et médicales de leur vie pendant la grossesse et jusqu'à l'âge de 6 mois. La seconde partie de l'étude est quantitative et s'appuie sur des questionnaires et une revue exhaustive de la littérature sur le sujet.