C’est maintenant officiel : ESO, avec ses cinq sites, va être renouvelée en tant qu’UMR pour quatre ans. Le rapport de la DS 6 « Sciences humaines et humanités » du ministère de la Jeunesse, de l’Éducation nationale et de la Recherche, reprenant l’avis formulé par la direction SHS du CNRS, a relevé nos points positifs (« bonne mobilisation collective autour de programmes de recherche, le plus souvent dans le cadre de contrats ; bon fonctionnement des transversalités intersites ; publications nombreuses ; bonne ouverture à l’international ») et nos points faibles (« le foisonnement des axes de recherche risque de donner une impression d’émiettement ; un certain recentrage serait nécessaire ») avant de conclure : « Il s’agit d’un laboratoire très reconnu dans le domaine de la géographie sociale. Le fonctionnement en réseau est bien organisé et doit être utilisé afin de renforcer la cohésion scientifique du projet collectif ». Voilà donc bien, comme cela a été écrit dans notre projet, le management au service du projet scientifique !
Aussi bien la prochaine assemblée générale que le colloque « Espaces et sociétés aujourd’hui. La géographie sociale dans les sciences sociales et dans l’action », respectivement prévus à Rennes le 2 février et les 21 et 22 octobre prochains, devraient contribuer au nécessaire recentrage de nos recherches. L’ambition d’ouverture sur l’extérieur du second est à la hauteur de ce que nous devons attendre de l’exercice d’introspection prévu lors de la journée ESO de février. J’attends de vous tous que vous fassiez de ce colloque un succès, en y participant bien sûr, mais aussi en mobilisant vos réseaux pour le faire connaître le plus largement possible, en France et à l’étranger, auprès des géographes comme des autres chercheurs en SHS.
Les perspectives à court terme sont moins enthousiasmantes. Le directeur général du CNRS ne parvient pas à boucler son budget ; 150 emplois de chercheurs sont supprimés et le rajeunissement de la pyramide des âges ne fait plus partie des orientations prioritaires. Du côté du Ministère, les nouvelles tardent à arriver mais on peut raisonnablement craindre une réduction des financements de base. Plus que jamais, il nous faudra sans doute aller chercher de l’argent ailleurs…
L’exercice n’est pas sans périls et nous amènerait presque à ressasser l’antienne « géographie sociale = géographie impliquée ». Pour ce qui nous concerne, cet ailleurs se trouve en effet surtout du côté des collectivités locales, alors même que notre devoir de chercheur nous amène à porter un regard critique sur l’action publique. Pourquoi donc, en effet, tant de géographie sur les agendas politiques, et, en conséquence, pourquoi faire de la géographie sociale aujourd’hui ?
Avant ces retrouvailles, je souhaite à tous de bonnes fêtes. Géographes, mettez-vous à table !1 Que les réjouissances de fin d’année contribuent à entretenir vos enthousiasmes pour la recherche…
RAYMONDE SÉCHET
PS : la démographie ne serait-elle donc plus un risque, sauf pour nos retraites ?
1 Référence non autorisée au prochain Festival International de géographie.